Présentation du retable de Weyersheim
Rhin supérieur, Strasbourg (?), Les deux rencontres du Christ et de saint Pierre, vers 1500-1525, huile et tempera sur bois
Ce panneau est présenté dans l’exposition “Couleur, Gloire et Beauté” au Musée Unterlinden jusqu’au 23 septembre 2024 au rez-de-chaussée du cloître. À partir de l’automne, il retournera dans l’église de Weyersheim où une chapelle a été réaménagée pour l’occasion.
Il représente les deux rencontres du Christ et de saint Pierre : à gauche, le Christ remet les clés à Pierre, qui fonde la primauté de Pierre et de l’Église romaine. Jésus lui remet les clefs du royaume céleste et lui dit, tel qu’il est inscrit dans le phylactère “Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux” (Mathieu 16:19). A droite, Pierre, après s’être enfuit de la prison Mamertine à Rome, cherche à fuir les persécutions de Néron. À peine sorti, il rencontre le Christ portant la croix et lui demande : “Quo vadis, Domine” soit “Où vas-tu Seigneur ? – À Rome pour me faire crucifier une seconde fois”. Pierre s’en retourne alors subir le martyr. Cet épisode provient d’un texte apocryphe, les Actes de Pierre, datés entre 170 et 190.
Le bâtiment couronné d’un ange, à l’arrière plan, évoque Rome et son château Saint-Ange. Ce motif est inspiré de la vue romaiune gravée par Michel Wolgemut et Wilhelm Pleydenwurff pour les chroniques de Nuremberg (Anton Koberger, Nuremberg, 1493).
Plus d’informations sur cette œuvre dans le catalogue de l’exposition “Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550)”
La restauration du retable (2021 – 2024)
Les élèves-restaurateurs de l’Institut national du patrimoine ont restauré le panneau peint du 15e siècle provenant de l’église Saint-Michel de Weyersheim, commune située dans le Bas-Rhin. Son état dégradé nécessitait une restauration.
Œuvre après nettoyage et masticage
Détail en cours de restauration
La couche de peinture avait déjà été restaurée de nombreuses fois. Des papiers de protection protégeaient des zones de fragilité de la couche colorée. Les feuilles d’or et d’argent ont également été très usées lors de ces campagnes de nettoyage. La laque qui décorait les nimbes du Christ a été pratiquement éliminée en même temps que l’or. Seules des traces sont encore visibles. Le tout était recouvert de différents vernis, l’un moderne et facilement soluble, et un autre plus ancien, de nature huileuse et résineuse et très difficilement soluble. Ce dernier a été conservé mais localement allégé pour atténuer les jaunissements.
Les élèves de l’atelier Mobilier ont remplacé la structure au dos du tableau par une autre, moins rigide. Dans un second temps, l’Institut national du patrimoine a confié la restauration du support au restaurateur indépendant Jonathan Graindorge-Lamour. Ce dernier a procédé au réalignement des planches et a comblé les lacunes du bois, assez importantes en partie basse. Un dispositif de soutien à la forme de l’œuvre a été fabriqué, maintenant le panneau par un système élastique sur ressorts, moins contraignant.
Sur la couche de peinture, le mauvais vieillissement des précédentes interventions crée des contraintes pour le support, mais également une mauvaise lecture des éléments de la composition.
Le vernis a été allégé, les repeints ont été retirés, et les mastics débordants ont été dégagés, ce qui a permis de retrouver une grande quantité de peinture originale. L’ampleur des usures de la peinture a été pleinement constatée à l’issue de ces différentes opérations de nettoyage.
De nouveaux mastics ont été posés, circonscrits aux lacunes, puis le tableau a été verni. Ensuite, les lacunes et les zones d’usure importante ont été retouchées de manière illusionniste avec des matériaux réversibles.
Un vernis final, posé en pulvérisation, a permis de régulariser la brillance de la surface.
En savoir plus sur cette restauration
Panneau peint restauré