Cycle histoire de l’art —Exposition Têtes à Têtes, Lucas Cranach Le Jeune – Elèves du Collège Molière, Colmar
« L’art du Portrait chez Holbein le Jeune »
Par Isabelle Dubois-Brinkmann, Conservatrice en chef, pensionnaire à l’Institut national d’histoire de l’art.
Date | 16/12
Horaire | 18h30
Durée | 1h
Tarif | Gratuit
Lieu | Accès Piscine (jauge limitée*)
* Pour participer aux événements, nous vous invitons à réserver :
du lundi au vendredi au +33 (0)3 89 20 22 79 ou reservations@musee-unterlinden.com / le week-end au +33 (0)3 89 20 15 58 ou billetterie@musee-unterlinden.com
3 questions à Isabelle Dubois-Brinkmann
1. Quel est le rôle de l’art du portrait au début du 16e siècle ?
Dès la fin du 15e siècle mais surtout après 1500, des personnes se font portraiturer non plus en donateur au bas d’une peinture religieuse, mais seules sur un tableau, ou en pendant à leur conjoint ou leur fiancé. Les écrits humanistes se font l’écho de cette nouvelle conscience de l’individu. Progressivement, le portrait s’agrandit : s’il cadre étroitement le personnage au niveau des épaules au début du 16e siècle, il se développe jusqu’à montrer le buste, voire une partie des membres inférieurs à partir des années 1520. Le portrait en pied reste en revanche, sauf exception, un privilège royal ou impérial. Il faut garder à l’esprit que nous avons aujourd’hui une vision faussée de cette époque : le droit au portrait est presque exclusivement réservé aux classes supérieures de la société.
2. Quelles sont les spécificités de l’art du portrait chez Holbein ?
Hans Holbein le Jeune s’est formé de façon traditionnelle auprès de son père, peintre lui aussi, à Augsbourg. Holbein l’Ancien est aujourd’hui célèbre pour son extraordinaire galerie de portraits – dessinés, plus rarement peints – de toute la société qui l’entourait. Son fils reprend au début de sa carrière, à Bâle à partir de 1515, le type de portrait étroitement cadré que pratiquait son père. Mais lorsqu’il se rend à Londres où il commence une nouvelle vie à partir de 1526, il propose, sous l’influence des tableaux flamands qu’il a vus à Anvers, de nouveaux types qui mettent en valeur la position sociale et la richesse du modèle. De 1532 à sa mort en 1543, Holbein portraiturera tout ce que la cour du roi Henri VIII compte de puissants, de nobles et de hauts fonctionnaires, mais aussi, fait notable, ses amis artisans et domestiques.
3. Quel est le lien entre Holbein et Cranach ?
Holbein a 25 ans de moins que Cranach l’Ancien et mourra 10 ans avant lui ; il a 18 ans de plus que Cranach le jeune. S’il vit donc au même moment qu’eux, il ne les croise pas : sa carrière se situe, à Bâle puis à Londres, en marge de l’art germanique. Mais dans le domaine du portrait, tous répondent au même type de commandes : le commanditaire, homme ou femme, est représenté la plupart du temps sur un fond neutre, dans un costume et parfois avec des attributs qui révèlent sa position sociale et indiquent la fonction du portrait (fiançailles, célébration de l’accession à un nouveau poste, rappel des fins dernières…).