Grâce à un don de l’artiste, au soutien de la Galerie Lelong & Co. (Paris) et au mécénat exceptionnel du Crédit Mutuel, le Musée Unterlinden a fait l’acquisition de trois « Rainbows » de l’artiste Fabienne Verdier : Khandro, Thera et Vaiiu.
Ces œuvres sont exposées à partir du 06.09.23 au niveau 1 de l’Ackerhof.
Cette acquisition fait suite à l’exposition « Fabienne Verdier – Le chant des étoiles » présentée du 01.10.2022 au 15.05.2023 au Musée Unterlinden.
Pour l’exposition colmarienne, l’artiste avait créé une vaste installation composée de 76 tableaux appelés Rainbows et d’une peinture monumentale, le Grand Vortex. S’inspirant du Christ irradiant de lumière dans la nuit étoilée, elle proposait avec cet ensemble une nouvelle représentation de la mort qui renonçait à l’iconographie occidentale traditionnelle pour lui préférer l’aura de lumière produite par la mort d’une étoile.
Les « Rainbows »
Conçus comme des individualités, les Rainbows ont chacun pour titre un prénom en lien avec le ciel, les étoiles ou la lumière. Ces cercles de lumière sont pour l’artiste des portraits faisant référence aux personnes que la Covid-19 a emportées. Imaginés comme des icônes contemporaines, ils sont destinés à apaiser ceux qui ont subi personnellement ou dans leur entourage les conséquences de la pandémie.
Les trois Rainbows acquis par le Musée Unterlinden (Khandro, Thera et Vaiiu), empruntent à Grünewald des couleurs disposées en anneaux concentriques et induites par la diffraction de la lumière. Khandro et Vaiiu évoquent par leurs rehauts tourbillonnants l’ascension et le drapé du Christ peint par Grünewald, Thera, par son semis d’étoiles sur fond bleu, le ciel nocturne de la Résurrection.
Ces nouvelles acquisitions forment un triptyque à rapprocher des nombreux polyptiques des collections du musée et sont exposées à partir du 06.09.23 au niveau 1 de l’Ackerhof.
Fabienne Verdier et les maîtres du musée
Fabienne Verdier s’inscrit ainsi dans la lignée des artistes du 20e siècle qui ont été inspirés par le Retable d’Issenheim, d’Otto Dix à Sarkis ou encore Adel Abdessemed. La peintre contemporaine a été particulièrement marquée par la figure du Christ peinte par Grünewald sur le panneau de la Résurrection.
La technique employée par Fabienne Verdier rappelle également celle des grands maîtres du Musée Unterlinden : la trace peinte du mouvement et du geste de l’artiste sur le fond lisse des toiles s’inscrit dans la tradition des peintres de l’abstraction gestuelle du 20e siècle, fortement représentée au musée. À cela s’ajoute une analogie formelle : l’usage de glacis est une technique fréquemment employée par les maîtres anciens présents dans les collections de Colmar.
Biographie
Née à Paris en 1962, Fabienne Verdier entame en 1979 des études à l’École des beaux-arts de Toulouse. À vingt ans, elle part en Chine pour étudier auprès des derniers grands maîtres de la peinture traditionnelle. Atteinte d’une grave maladie, elle rentre en Europe à trente ans et publie en 2003 le récit autobiographique Passagère du silence, dix ans d’initiation en Chine. Fabienne Verdier abandonne la peinture de chevalet et imagine une nouvelle manière de peindre à la verticale où la force de la gravitation devient centrale.
En 2006, elle conçoit des pinceaux monumentaux avec lesquels elle fait corps pour réaliser ses tableaux au sol. Elle collabore régulièrement avec des musiciens, des écrivains et des scientifiques pour saisir les forces qui engendrent les formes. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées à travers le monde.