3 questions à Alicia Stemplowski, restauratrice

Musée Unterlinden

Place Unterlinden
68000 COLMAR

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+33(0)3 89 20 15 50

Horaires d’ouverture

Mercredi au lundi : 9h —18h
Fermé le mardi

1.1, 1.5, 1.11, 25.12 : fermé
24.12 et 31.12 : 9h —16h

 

3 questions à Alicia Stemplowski, restauratrice

Alicia Stemplowski, restauratrice, restaure les panneaux peints de l’église Saint-Georges de Marckolsheim au Musée Unterlinden. Ce retable est conservé dans l’église de Marckolsheim. Après un nettoyage, son travail consiste à stabiliser les soulèvements de la couche picturale, à combler les lacunes, puis à maquiller les parties repeintes… Il reste encore de nombreuses étapes avant de découvrir le travail de la restauratrice à l’occasion de la prochaine exposition du 4 mai au 23 septembre 2024.

 

1. Ces deux panneaux peints sont conservés dans l’église Saint-Georges de Marckolsheim. Vous avez participé aux opérations de décrochage des œuvres sur place. Qu’avez découvert et quelles ont été les interventions que vous avez réalisées à ce moment-là ?

Les couches picturales des deux panneaux présentaient des soulèvements généralisés. Afin de permettre leur transport, nous avons appliqué des papiers de protection permettant le maintien des écailles de peinture au panneau, en attendant une étape de refixage plus durable. Les panneaux ont ensuite été mis en caisse, prêts à être transportés. La dépose des deux panneaux a été l’occasion de découvrir pour la première fois leur revers. Quelle agréable surprise ! Au dos de la grisaille présentant la généalogie du Christ se trouve un superbe brocart doré très bien conservé. Il servait sûrement de fond à des sculptures aujourd’hui disparues. Au revers du Christ aux outrages, subsistent les reste d’un brocart doré très lacunaire ainsi qu’un fond bleu avec des rayons. Une sculpture de Madone rayonnante, aujourd’hui disparue, y prenait très certainement place.

 

2. Depuis la fin du mois d’octobre, les panneaux peints sont dans un atelier au musée pour vous permettre de procéder à sa restauration. Pouvez-vous nous indiquer les différentes étapes ?

Après la dépose, les panneaux ont été envoyés au Centre Régional de Restauration et de Conservation des Objets d’Arts à Vesoul pour anoxie (processus de désinsectisation en privant les panneaux d’oxygène). A leur retour, la restauration a pu débuter au Musée Unterlinden. La première étape, et la plus urgente, a été de refixer les soulèvements de la couche picturale afin de prévenir toute chute d’écaille. Les panneaux ont ensuite été décrassés et un vernis a été appliqué par pulvérisation sur le Christ aux outrages. Nous pouvions ensuite procéder aux étapes de réintégration des lacunes récentes et à l’harmonisation des repeints. Une quinzaine de semaines de travail sont nécessaires pour la restauration des deux panneaux.

 

3.  Cette restauration est un chantier complexe et long du fait notamment de repeints successifs. Quelles décisions avez-vous pris par rapport à leur traitement et pourquoi ?

Les deux panneaux ont en effet été abondamment repeints au cours de leur histoire. Pour le Christ aux outrages, nous avons constaté que les fonds étaient très retouchés et nous risquions de découvrir une matière originale très lacunaire si nous les retirions. Pour la grisaille représentant la généalogie du Christ, celle-ci présentait une accumulation de plusieurs campagnes de repeints si complexe qu’il devenait difficile d’identifier avec précision ce qui relèvait de la technique originale.  Dans les deux cas, nous avons pris le parti, par prudence, de ne pas effectuer de restauration fondamentale impliquant le retrait des vernis et des anciennes restaurations. Les lacunes de couche picturale ont été comblées et réintégrées de façon illusionniste. Il s’agit maintenant de retoucher les repeints et les anciennes retouches afin qu’elles soient moins visibles.

 

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