400 ans de musique – Les clavecins Ruckers de Colmar et d’Amiens

Musée Unterlinden

Place Unterlinden
68000 COLMAR

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+33(0)3 89 20 15 50

Opening time

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Wednesday – Monday 9 am–6 pm

Tuesday closed

Closed : 1.1., 1.5., 1.11., 25.12

 

Exposition-dossier

400 ans de musique | Les clavecins Ruckers de Colmar et d’Amiens
23.10.2024 – 14.04.2025

L’année 2024 marque les 400 ans du clavecin Ruckers appartenant aux collections du Musée Unterlinden de Colmar. Pour célébrer cet anniversaire, le musée propose une programmation-événement inédite autour de l’instrument. Cette saison musicale se veut l’occasion de partager avec vous un patrimoine sonore unique demeuré intact après quatre siècles.

Les clavecins de Colmar et d’Amiens seront exposés au public du 23 octobre 2024 au 14 avril 2025 (Salle d’exposition temporaire, 2e étage de l’Ackerhof).

Cet anniversaire est aussi l’occasion de mieux comprendre et de se familiariser avec le clavecin de Colmar, son histoire, son décor, son esthétique musicale au travers de visites, d’ateliers, de conférences, de rencontres et de séminaires.

 

Le clavecin de Ioannes Ruckers de Colmar, 1624

À l’origine en 1624, un clavecin flamand

Le clavecin Ruckers a été fabriqué en 1624 dans l’atelier de Ioannes Ruckers (1578-1642) à Anvers, un membre de la dynastie des Ruckers active dans cette ville de 1580 à 1660. Leur savoir-faire exceptionnel a fait des Ruckers les facteurs de clavecins les plus réputés d’Europe aux 17e et 18e siècles. Le clavecin disposait à l’origine de deux claviers dits « transpositeurs » selon la configuration standard des clavecins à double clavier de Ruckers : le clavier inférieur, d’une étendue de 50 notes n’était pas aligné avec le clavier supérieur d’une étendue de 45 notes, mais décalé à la quarte inférieure (de do à fa). Les deux claviers d’origine n’étaient pas destinés à être accouplés ou joués ensemble car leurs sonorités étaient distinctes. Cette configuration facilitait la transposition rendue nécessaire par l’usage fréquent du clavecin, aux 16e et 17e siècles, pour la musique de chambre et avec des chanteurs. Dans sa première configuration, le clavecin était muni d’un jeu de 8 pieds et d’un jeu de 4 pieds avec deux registres de sautereaux pour chaque clavier (4 registres en tout) et d’un jeu de luth. Les registres étaient actionnés par des tirants qui traversaient le côté droit de l’instrument.

 

Première modernisation en France vers 1680

Le clavecin a reçu plusieurs modifications musicales et esthétiques après son arrivée en France dans la seconde moitié du 17e siècle. Vers 1680, les deux claviers ont été alignés (50 notes chacun) et un second jeu de 8 pieds a été rajouté au cours d’un « petit ravalement », une modification de l’instrument sans élargissement de la caisse d’origine et sans modification significative de sa structure interne. C’est sans doute à cette époque que le clavecin a été pourvu d’un nouveau couvercle et du piétement en bois de noyer sculpté, peint et doré que l’on peut voir aujourd’hui. L’intérieur du nouveau couvercle, entièrement peint à l’huile, figure un ample paysage mythologique animé par la joute musicale entre Apollon et Pan sous le jugement du mont Tmolus, un sujet emprunté aux Métamorphoses du poète latin Ovide. Il est impossible de dire si dans cet état les claviers originaux ont été conservés et adaptés ou remplacés.

 

Seconde modernisation en France vers 1720

Le clavecin a subi vers 1720 un second « petit ravalement » attribué à un facteur parisien de grand talent, Antoine Vater (actif à Paris de 1715 environ à 1759). Il a permis d’augmenter l’étendue des claviers pour l’adapter aux compositions du temps. Les claviers actuels datent de cette époque. Si les deux ravalements ont pour une part « francisé » le clavecin flamand d’origine, ils ont préservé les qualités de facture propres aux Ruckers. Elles valent aujourd’hui à l’instrument ses qualités sonores exceptionnelles et permettent d’y interpréter un vaste répertoire allant du 17e siècle à Jean-Sébastien Bach.

Depuis son acquisition par le Musée Unterlinden en 1980, le clavecin peut être entendu chaque année à l’occasion de concerts.

 

Le clavecin de Ioannes Ruckers d’Amiens, 1612
Collection des Musées d’Amiens, en dépôt au Musée de la Musique à Paris

Le Musée Unterlinden remercie les Musées d’Amiens et le Musée de la musique à Paris pour le prêt exceptionnel de cet instrument.
Les clavecins Ruckers des Musées d’Amiens et du Musée Unterlinden ont tous deux été fabriqués à Anvers dans le même atelier, celui de Ioannes Ruckers (1578-1642), le premier en 1612, le second en 1624.
Le clavecin des Musées d’Amiens porte le millésime 1612 et la signature du facteur au-dessus des claviers (IOANNES RUCKERS FECIT ANTVERPI). Comme le clavecin de Colmar, il était à l’origine un clavecin transpositeur typique. En 1733, il a subi en France un petit ravalement au cours duquel claviers, registres et sautereaux ont été remplacés. L’année de l’intervention est inscrite sous le clavier inférieur et sur le premier sautereau. L’étendue des claviers a été augmentée par trois notes, deux rajoutées dans l’aigu et une feinte brisée dans les graves.
Contrairement à l’usage, un second jeu de 8 pieds n’a pas été ajouté et la longueur vibrante des cordes est restée proche de celle de Ruckers. Les trous de chevilles ont été bouchés et repercés en quinconces comme c’était l’usage en France au 18e siècle.
La disposition actuelle – jeu de 8 pieds et jeu de 4 pieds accessibles à chaque clavier, claviers non accouplables – est restée celle des clavecins transpositeurs flamands alignés.